Les missions de Bpifrance Création sont plurielles, puisque son rôle est à la fois de sensibiliser, de préparer et d’orienter, à la fois d’accompagner et de financer tous les entrepreneurs en herbe, sur tous les territoires de France métropolitaine et d’outre-mer. Pour cela, Bpifrance Création fédère l’écosystème entrepreneurial, national et local, et fluidifie la mise en relation entre les porteurs de projet et les réseaux d’accompagnement qui délivrent des produits financiers dédiés. Parmi lesquels trois Prêts d’Honneur - Solidaire, Création-Reprise et Renfort – qui permettent, quel que soit son âge ou son parcours de vie, d’amorcer et de mener à bien son projet d’entreprise, dans toutes ses phases de développement. Financés par Bpifrance Création, ils se montent à 1000 euros au moins, jusqu’à 80 000 euros, et sont octroyés par les réseaux d’accompagnement sur le terrain, au plus près des créateurs d’entreprise, comme Initiative France et Réseau Entreprendre.
En ciblant les demandeurs d’emploi, les bénéficiaires des minima sociaux ou les jeunes, le Prêt d’Honneur Solidaire (de 1000 à 8 000 euros) ouvre la voie de l’entrepreneuriat à des personnes qui peuvent se sentir exclues, à priori, d’une telle aventure. Il est aussi un recours au chômage et à la désertification de certains territoires. Il se double toujours d’un prêt bancaire d’un montant au moins égal, et d’un accompagnement personnalisé par un opérateur désigné par la Région.
Pour lancer sa marque de café bio du Costa-Rica, baptisée Cafetal, Lisa Marrier s’est ainsi vue octroyer la somme de 5 000 euros (qui s’ajoutait à un apport équivalent) par Initiative Brocéliande - l’une des 212 antennes locales du réseau associatif Initiative France - qui accompagne entre 50 et 60 entreprises chaque année sur 34 communes d’Ille-et-Vilaine. « Le Prêt d’Honneur Solidaire a fait office de levier pour obtenir un prêt bancaire de 15 000 euros », explique la jeune rennaise, diplômée en commerce et management international, spécialisée sur les échanges avec l’Amérique latine. Passionnée par le continent, par les producteurs et par le produit, elle torréfie elle-même (chez un confrère équipé en matériel pour l’instant) ses vingt kilos de cafés hebdomadaires labellisés « Women Care Certified » et « International Women’s Coffee Alliance », qui garantissent l’égalité de traitement des femmes dans l’industrie du café. « Il faut savoir qu’elles représentent 80 % de la main d’œuvre, mais sont toujours discriminées par rapport aux hommes. C’est un sujet qui me tient à cœur », observe Lisa, qui s’est décidée et préparée lors du premier confinement. « Après avoir réalisé une étude de marché, j’ai consulté un conseiller à la Chambre de Commerce et d’Industrie ainsi qu’un cabinet comptable qui m’ont tous deux orientée vers Initiative Brocéliande. Contre toute attente, j’ai trouvé un organisme qui facilitait et simplifiait toutes les démarches ». Une fois le projet finalisé, Lisa l’a présenté devant un jury réuni par Solenn Paquet, directrice et conseillère d’Initiative Brocéliande, qui précise : « Il s’agit d’un comité de professionnels composé de bénévoles impliqués dans l’économie locale, de dirigeants ou de cadres, d’assureurs, de banquiers, de comptables, d’urbanistes, de membres des chambres de commerce et des métiers, qui appuient sur les points forts du projet, soulignent éventuellement les points de vigilance et conseillent les entrepreneurs en toute bienveillance. C’est de l’intelligence collective, dans l’intérêt du porteur de projet. » Lorsque celui-ci est accepté, l’argent est décaissé quasiment sur le champ. Il sera doublé par un prêt bancaire, d’autant plus simple à obtenir qu’il aura le soutien du réseau Initiative France et de Bpifrance Création.
Lisa Marrier à la récéption de ses premiers sacs de café vert.
« Chez Initiative Brocéliande nous gérons six enveloppes dont la moitié est liée aux Prêts d’Honneur de Bpifrance Création », explique Solenn Paquet. « Depuis 2020, Bpifrance Création a renforcé son rôle de bras armé financier des politiques publiques de l’Etat, en lançant de nouveaux produits dans le cadre du plan France Relance. Le Prêt d’Honneur Solidaire est particulièrement incitatif, il permet de soutenir la trésorerie des sociétés dans leurs deux premières années d’existence. Il est essentiel durant cette période de pouvoir concentrer toute son énergie sur les opportunités de clientèle et de marché. Il faut que le frein de l’apport soit vite levé si le projet est prometteur. » Cette philosophie réussit plutôt bien à Initiative Brocéliande dont le nombre d’entreprises soutenues affiche après trois ans un taux de pérennité exceptionnel, autour de 90-95 %.
Encore au début de l’aventure, Lisa Marrier sera accompagnée pendant les trois prochaines années par une marraine dédiée, choisie par Initiative Brocéliande pour sa connaissance du commerce et sa vision globale du marché, afin d’étendre sa clientèle et son réseau de distribution. Pour le moment, Cafetal est commercialisé dans des épiceries fines de la région, et sur le E-shop (www.cafetal.fr).
Grâce au Prêt d’Honneur Solidaire et à l’accompagnement des réseaux opérateurs du dispositif, permettant de combiner financement, coaching, conseils et networking, l’hexagone devient une terre d’aventures entrepreneuriales qui favorisent le maintien du lien social, comme celle menée à Seiches-sur-le-Loir par Nelly Abélard, une habitante historique de cette commune de 3000 habitants. Commerçante dans l’âme, femme d’action, elle est passée par les réseaux BGE et France Active, pour lancer une épicerie dont le village était privé depuis deux décennies, ce qui lui vaut de figurer dans le dispositif des ZRR (zone de revitalisation rurale). Il y a vingt-six ans, Nelly ouvrait son institut de beauté à Seiches, avant de le céder, florissant, après quatorze ans d’activité, pour s’engager sur d’autres chemins, mais toujours dans les domaines du commerce et de la cosmétique. L’an passé elle met à profit une période de chômage pour réfléchir à son nouveau projet. « J’avais envie de me relancer à mon compte, de participer à la dynamisation de ma commune », raconte t-elle. « Hormis une boulangerie, et une boucherie depuis deux ans seulement, nous manquions de tous les commerces de bouche, et il était impensable de ne pas avoir de magasin d’alimentation où l’on puisse se faire plaisir avec des produits frais, locaux, bios pour certains. » Forte d’un apport de 30 000 euros, elle parvient à lancer son épicerie en six mois, le temps d’élaborer son plan de financement, de trouver un local, et d’entrer dans le dispositif Parcours Entrepreneur. Elle bénéficie à ce titre d’un double accompagnement sur trois ans, de BGE pour l’aspect conseil, le coaching, la stratégie d’entreprise, la mise en réseau, de France Active pour le financement, via une garantie bancaire Egalité Territoires ainsi qu’un Prêt d’Honneur Solidaire de 6 500 euros.
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